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Agrocarburants : un bilan carbone désastreux pointé par l’ADEME
Après plusieurs mois d’hésitations, l’ADEME publie enfin son rapport « Analyse de cycle de vie appliquées aux biocarburants de première génération consommés en France ».
La fédération France Nature Environnement (PAE adhérent) a participé au comité technique de cette étude et livre son analyse.
Des énergies renouvelables...vraiment renouvelables !
Cette expertise sur les agrocarburants répond à un engagement du Grenelle mais s’inscrit aussi dans un contexte européen. La Directive « Energies renouvelables » du 29 avril 2009 demande aux Etats membres d’incorporer dans les transports 10% d’énergies renouvelables produites de manière durable, avec pour critère une réduction de 35% des émissions de gaz à effet de serre par rapport aux équivalents fossiles. La France doit ainsi remettre dans quelques mois son Plan d’action national en matière d’énergies renouvelables à la Commission européenne.
Un bilan désastreux en termes de gaz à effet de serre
Cette étude officielle permet justement de préciser le bilan des agrocarburants en matière de gaz à effet de serre, avec une avancée incontestable : la prise en compte de l’impact du Changement d’Affectation des Sols (CAS). En effet, la transformation des forêts tropicales primaires en cultures industrielles de canne à sucre et de palmiers à huile destinées à faire rouler nos voitures est à l’origine d’émissions très importantes, liées au déstockage massif de carbone suite à la suppression du couvert forestier et à la dégradation des sols. Rappelons que la déforestation représente près de 25% des émissions mondiales de gaz à effet de serre !
Pour Lionel Vilain, conseiller technique agricole de FNE : « Les résultats de l’étude sont sans appel : lorsqu’on prend en compte les changements d’affectation des sols (déforestation notamment), l’impact effet de serre des agrocarburants est le double de celui de l’essence ou du gasoil remplacé ! ».
Michel Dubromel, responsable des transports à FNE : « A lui seul, ce résultat suffit à démontrer qu’en aucun cas les agrocarburants ne représentent une solution pour réduire les émissions de gaz à effet de serre du secteur des transports routiers.»
Des importations inévitables : L’étude démontre aussi que les filières métropolitaines d’agrocarburants ont une efficacité énergétique plus faible et sont économiquement non concurrentielles vis-à-vis des agrocarburants tropicaux.
FNE demande au Gouvernement de tirer les conséquences de cette étude et de renoncer à toute politique favorisant la production et l’utilisation d’agrocarburants industriels en France.
Et dans Le Perche, qu'en est-il des biocarburants agrocarburants ?
La Charte du Parc Naturel Régional du Parc du Perche indique :
(page 63 - http://www.parc-naturel-perche.fr/iso_album/la_charte.pdf )« La production d’huile végétale pure participant à l’autonomie de l’agriculture locale et à la réduction de la dépendance énergétique du territoire grâce à la maîtrise du coût du carburant et la production de tourteaux, le Parc favorise à la mesure de ses moyens le développement d’initiatives de production et/ou de consommation locales d’huile végétale pure en biocarburant et/ou de tourteaux, ... ».
Avant tout encouragement à la production d’agrocarburant et non de biocarburant (ce qui laisse supposer une production uniquement bio), nous souhaitons que le Parc étudie en amont l'impact sur les sols percherons. Il est à craindre que le rendement immédiat incite à l’usage massif des pesticides...
MarieJo Flahault
« Première victoire pour les amis du Coteau de la Verrerie« Solutions Locales pour un désordre global » avec Coline Serreau »
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